Poésie III
Désespoir
#1 Bribes de Novembre
Ornementés des racines de tes pensées
Empreintes à l'automne de couleurs embrasées
Reflète la brise légère et rompt le charme
Miroitant le scintillement des fleurs profanes
De tels sentiments j'ai éprouvé si longtemps
Tant jeté au torrent leurs soupirs véhéments
D'enchevêtrés tourments m'ont conduit au serment
En vouant la lanterne aux assaillants sarments
Recouvrant de feuillages nos tombeaux nos êtres
Faits d'ébènes et rouages dont nul n'est maître
Et se brisait le miroir nous étions cendres
Aux incessants hurlements du visage tendre
L'amas au ciel noirci des fibres gangrenées
À l'unisson de mes cris vibre, déchiré
La détresse des rugissements foudroyés
Rendait taciturnes mes échos esseulés
Voici quand n'était plus l'ombre parmi nous deux
Nos amours brisées haletantes de cent feux
#2 Le Pacte de Novembre
Au cloître de mille lucioles ferventes
Apparaissent ces hivers qui me hantent
D’amères mélodies je peux me souvenir
D'une note où semble mon esprit se tarir
Dans l'océan la larme de réminiscence
Brise en éclats l'ombre de ma fragile essence
Mythifiant mon histoire des aigres plumes
Qui jamais n'en prendront l'envol parmi la brume
Quand l'aube des lumières mystificatrices
Viendra un demi durant jouira la justice
Pour qu'enfin je puisse revoir le doux visage
De la fille abandonnée depuis autant d'âges
Auprès du démon plein de tromperie j'irai
D'écumantes escalades que je ferai
Pour ramener de sa fiévreuse dépouille
D'un passé les vestiges couverts par la rouille
Ne filtre la mémoire cachée d'un linceul
Ne pourrais-je donc me sentir jamais seul
Si solitaire de sa macabre présence
Ma vue se ténèbre au poids de ses défunts sens
Seule ses orbites vides elle me fixe
La sensation me transmettant que rien n'existe
Devient si ambigu le néant à son appel
De ce cadavre à la face pourtant si belle
Ce passé le choix de garder j'ai pourtant eu
Mais par méprise ou par la peur d'être rompu
L'amnésie j'ai préféré d'échapper aux tords
Je n'ai cessé mais je vois son visage encore
Condamnés à vivre de ses belles chimères
Déchirant mes tissus de plaisirs mortuaires
Ô doux sourires venus des anciens tombeaux
Amenez-moi dans le vrai dans ce qui est beau
Ce qu'elle signifie je ne sais plus la vie
Ce grand don est-ce vraiment ou juste un sursis
M'épier je la sens dans l'ombre de mes nuits
Allongé j'attends les yeux fermés sur le lit
Que me portent à elle mes désirs de fuite
Vers l'âme lugubre afin qu'elle ne me quitte
L'étincelant maléfice et les feus damnés
Jusqu'à mes lèvres me portent un mort baiser
Ni souffrances ni d'amertumes je ne veux
En échapper je ne peux en faire le vœu
De ses mains au creux le spectre me rendait l'âme
Aiguisée des feux noirs une goutte une larme
Défilantes mes pensées brisaient le suaire
Des racines aux fibres du Père des pères
S'engouffrait l'Immaculée au sein de mes veines
De ce détour la traversée n'a été vaine
Ni perdition ni cécité n'ont disparu
Errant comme un esprit malade dans les rues
Quand vides de pensées des tréfonds et si gais
Les corps pantelants des ivrognes enchaînés
Galopaient aux instruments de toute allégresse
Sans savoir le vrai qui jamais ne se confesse
J'aurai aimé rien qu'une dernière fois au moins
Voguer au terme insouciant par tous les chemins
#3 Les Passeurs
Au péril d'un âge un souffle j'accorderai
Le dernier qui n'arrivera jusqu'à sa fin
Le plus faible quand vibreront mes cordes raides
Quand le son des harpes pointera au matin
Saches-le, ce soupir je t'en ferai l'offrande
Quand reposer serein sera l'occupation
Mon unique alors je ne voudrai de demande
J'en aurai bien quand les vers pour moi se battront
Ce sera mon présent, le dernier de ma ligne
Fais-en bon usage car est proche le jour
Où de faire ce soupir viendra ton tour
Le message à un autre tu feras passer
Comme Charon passeur de la fin des destinées
Nos sangs ce jour-là se mêleront dans les vignes
#4 À Nos Souvenirs
Te souviens-tu quand ensembles nous errions,
Au bord d'un lac lorsque la nuit s'y refletait?
Nous nous admirions durant de longues heures.
Je fermais les yeux et je t'écoutais parler..
Nous étions si bien, nous voguions aux horizons.
Jusqu'à l'aube, quand vint cette immonde torpeur.
Tu n'étais plus, le soleil venait te brûler,
Et le temps malgré lui m'a fait perdre tes cendres.
Mon regard noir, mes yeux devinrent de pierre.
Mais chaque soir, à ce grand lac je revenais,
Et ne t'y voyant plus, je voulais y descendre.
Fais-moi un signe par-delà les rivières.
À mon ami de la pensée que j'ai perdu
Aux larmes de la pluie qui un jour s'était tût.
Ô imaginaire reviens-moi comme avant
Ô temps cruel ramènes-moi jusqu'à l'enfant.
#5 Verset 17
Aujourd'hui le jour est mort
Et notre lune est en sang
Pleurant mille étoiles encore
Pleurant l'eternité durant
Car les fils ont tué leur mère
Car notre source a tari
Essoufflant ses râles amers
Et souffrant ô palais fleuri
Je vois au loin tous ces rivages blancs
S'éteignant déjà au feu firmament
La voie s'étend en un brasier opale
Où vont se perdre ces visages pâles
Ce soir nous nous endormons
L'aube jamais ne reviendra
Dans nos chimères nous verrons
La blessure de son trépas